• La solitaire - Gertrud Kolmar

    La solitaire - Gertrud Kolmar

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    La solitaire

    je m'entoure de ma solitude
    elle est comme une robe chaude
    sur moi venue sans pincement ni piqûre
    même si les manches tombent profondément sur ma main
    un inconnu en a pris les mesures,
    le visage étranger se ressent comme souffle trouble ;
    Les longs cous noirs des cygnes sont courbés
    sur leurs plis : mais seule moi je peux les voir.

    Mes regards intérieurs se font ouverts
    - un regard de paon qui déploie ses ailes -
    et montre l'onde du courant couleur jade,
    les bordures débordent lumière et affluent.
    Comme un cheveu de l'Elbe elles mouillent.
    Elles portent encore le fleuve. Elles halent le profond.
    Et l'année est prise dans une ville abrupte,
    c'est ainsi qu'un oiseau affolé appelle le jour.
    Et tout est maintenant silence. Et l'habit se gonfle.

    Je dois grandir, pour qu'encore il m'aille
    à l'intérieur des poissons, comme jamais ils ne furent vraiment,
    et ma poitrine flotte avec des branchies bleu pourpre.
    la pointe de la terre est ensemencée de l'intérieur.
    De mes épaules surgit une falaise d'or,
    le drap nageant au travers, s'aiguise et se gonfle
    et doucement roule en boule sur mon front.

    [Gertrud Kolmar]
    La traversée du mal

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