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A l’aéroport, à deux heures du départ, Armande décide de changer de destination… elle souhaite disparaître…changer d’identité…se débarrasser du passé…et tout en poussant son caddie…délire dans sa tête :
Le caddie, râle :
« Ô paquetage ! Tu rimes si bien avec bagages et voyage. Bagages…vous n’avez de cesse de m’alourdir de jour en jour ! Ceci dit, au passage, toi voyage, tu m’invites à regarder de près mon âge…vois âge…Pfff ! Mazette ! Je suis sans âge, pas sage et me fous bien de la route à suivre…toujours poussé malmené…Allez ! débrouillez-vous sans moi ! Mes petites roulettes s’usent et j’en ai assez de vous !...je ne bouge plus ! »
Le paquetage, serein :
« Allons allons…reste donc bien calme Caddie…contente-toi de ce pourquoi tu vis ! Tu veux capituler ? Finir à la décharge déjà ? Vois comme tu me rends bien service…il pleut des cordes ! En échange de ton aide, je t’apporte un soutien : tu seras, grâce à moi, mis à l’abri …les effets que je porte ainsi que les bagages ne peuvent être embarqués trempés ! Or le voyage c’est pour la vie ! Je t’invite à nous menotter à toi, ainsi tu nous suivras…tu ne seras pas déçu !...tu nous seras bien utile et nous te le rendrons va ! »
Les bagages, sur un ton mordant :
« Hey oh ! Paquetage ! Tu pourrais peut-être nous demander notre avis !? Depuis quand un caddie prend des décisions et nous accompagne ? Il doit nous supporter dans la difficulté comme dans la facilité, ici et pas ailleurs ! Ah mais c’est insensé voyons ! Se faire embarquer en fond de cale avec ce caddie atrabilaire ! Et toi voyage, tu ne dis rien ? Tu acceptes cela sans mot dire ? C’est le comble ! »
Voyage est en pleine méditation…il les écoute d’une seule oreille.
« Je peux très bien poursuivre sans vous, vous savez… Qu’ai-je donc à faire de votre fumeuse dispute ? Je n’ai qu’un seul but…parvenir à bon port et, tant qu’à faire, dans une bonne ambiance ! Tenez…voyez ces humains comme ils sourient ! Allons, un peu de patience les amis… »
« Patience, patience ! » dit le caddie… « Je ne fais que ça ! Patienter au sous-sol qu’une bonne âme vienne me prendre…en priant qu’un sale môme ne me martyrise pas avec ses maudits coups de pieds ou me salisse avec ses couches culottes qui débordent…patienter devant les taxis …ceux-là ne m’en parlez pas…patienter au pied de l’escalator…patienter…à l’embarquement…au débarquement… »
Les Bagages lui coupent la parole :
« Non mais écoutez-le avec sa litanie …et il se paie le luxe d’y mettre une magnifique épanalepse…Et nous alors hein ? Ballotés, jetés, entassés, empilés…ficelés…bourrés à nous faire exploser… nous allons de bras en bras…que l’on ne choisit pas hein !..sans aucune considération…une étiquette à notre anse…qui souvent reste accrochée à vie…Et sans parler du nombre de fois où l’on nous égare ou nous abandonne ! Tu ne connais pas ta chance Caddie…une fois que tu es débarrassé de nous…tu retournes auprès des tiens, sagement. Tu n’as pas à t’en faire… »
Voyage en a tout à coup assez de les entendre geindre…
« Paquetage, concentre-toi sur ton utilité première…protéger les effets de ta voyageuse…Quant à vous bagages…vous devriez vous alléger …puisque vous vous plaignez d’être surchargés…laissez-vous tomber à terre…Votre voyageuse comprendra, j’en suis certain, qu’elle n’a pas besoin de tout emporter. Vous lui rendrez service…Et si vous ne vous calmez pas, je vais sortir mon arquebuse et vous montrer de quel bois je me chauffe…J’en ai assez ! »
Armande, dans un état second, sourit à l'hôtesse qui l'invite à la suivre…entre temps, elle a échangé son billet pour une autre destination…sur un vol lambda…et sans état d’âme, abandonne caddie…bagages…garde son paquetage et embarque toute légère…pour un voyage vers l’inconnu.
(publié sur le jet d'encre, le 22/10/2013...
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Ferme les yeux et vois le monde avec ton cœur
Il t’apparaîtra bien plus beau et bien meilleur
Tu ne peux à toi seul balayer ses tourments
Et il n’a que faire des tiens sois en conscient
Tu n’es point fils de Roi, Prince charmant nanti
Il te faudra avancer dans tes matins gris
Chercher le soleil à tes horizons brumeux
Fendre les alizés hostiles et fougueux
Blotti pour l’heure sous mon aile, tu frémis
Et je guette ton envol à peine en sursis
Je veille à ton éveil comme un fol repoussoir
Chassant le mauvais œil pourfendeur de tout espoir
Tu n’es point fils de rien ou si peu… de vaurien
Mais fruit de l’amour, d’un amour apollinien
En toi son histoire vit et va grandissant !
En tes veines coule un sang riche et bouillonnant !
Ferme les yeux et vois le monde avec ton cœur
Il t’apparaîtra bien plus beau et bien meilleur
Tu ne peux à toi seul balayer ses tourments
Et il n’a que faire des tiens sois en conscient.
à Pol-Ewen et Yann-Maudez…mes amours…le 05/10/2013
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